Femmes de Tahiti

Paul Gauguin

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Mot clé de l'oeuvre: FemmesTahiti

Présentation générale sur les oeuvres

Femmes de Tahiti
Artiste Paul Gauguin
Date 1891
Technique Huile sur toile
Dimensions (H × L) 69 × 91 cm
Format paysage
Mouvement PostimpressionnismeVoir et modifier les données sur Wikidata
Localisation Musée d'Orsay, Paris (France)


Femmes de Tahiti est une huile sur toile du peintre français Paul Gauguin réalisée en 18911. Actuellement conservé par le Musée d'Orsay2, à Paris, ce tableau représente deux Tahitiennes sur une plage.


L'artiste fait tout d'abord don du tableau au capitaine Arnaud (Tahiti) qui le lègue à sa fille. Celle-ci conserve le tableau jusqu'en 1920. De 1920 à 1923, les Femmes de Tahiti font partie de la collection du vicomte Guy de Cholet. En 1923 l'État accepte le tableau à titre de don aux Musées nationaux.


Cette toile, appelée aussi Sur la plage, représente deux Tahitiennes assises sur une langue de sable ou sur le parquet d'une terrasse, comme le montre explicitement une seconde version du tableau. Les personnages sont juxtaposés, sans lien apparent, affichant une expression impassible, boudeuse ou rêveuse. La vahiné de gauche est vêtue à la mode tahitienne d'un paréo vermillon orné de fleurs de tiaré, et elle a glissé à son oreille une de ces fleurs odorantes. Ses formes pleines sont accentuées par la vision en raccourci de son corps, qui dessine une diagonale, indiquant la profondeur de la toile. La silhouette massive de sa compagne, assise en tailleur à ses côtés, paraît à l'étroit dans le format du tableau. Une vaste robe de cotonnade rose à manches longues et fermée jusqu'au cou, vêtement à la mode occidentale importé par les missionnaires, accentue l'ampleur de ses formes en les dissimulant. Le geste arrêté, comme suspendu par le regard du peintre, elle retient délicatement entre le pouce et l'index des fibres de palme.


Pour peindre cette scène née de son imagination, Gauguin fit poser deux fois le même modèle, peut-être sa jeune compagne Teha'amana. La toile est simple prétexte à une harmonie de couleurs vives et contrastées ouvrant sur l'imaginaire.


En 1891, Gauguin se rend à Tahiti, île qu'il imagine paradisiaque et primitive. L'artiste désire "vivre là d'extase, de calme et d'art". Ses difficultés financières, ses préoccupations esthétiques et cette très baudelairienne "invitation au voyage" le poussent vers le lointain pour échapper à "cette lutte européenne après l'argent", pour être "libre enfin".


Cette composition est typique des oeuvres peintes au début de son premier séjour dans le Pacifique, toiles qui montrent souvent des Tahitiennes occupées à de simples tâches quotidiennes. Ici, les lourdes silhouettes hiératiques ont chacune leur espace propre permettant l'enchaînement d'arabesques, dans une harmonie parfaitement orchestrée. Les visages dessinent un masque ou un profil assez indifférenciés mais empreints de mélancolie.
Gauguin manie sa ligne avec une parfaite sûreté, la fait élégante ou décorative. Par le choix d'attitudes un peu raides, il rythme la composition selon une mystérieuse et harmonieuse géométrie, réalisant ainsi ce qui semble être plus une scène de genre qu'un véritable double portrait. Une légère animation est créée à la fois par la discrète nature morte, presque monochrome, du premier plan, et par les rouleaux déferlant sur le lagon au fond, seulement suggérés par quelques rehauts de blanc.
Le peintre doit accorder à ce tableau une importance suffisante pour en réaliser une variante en 1892, Parau Api (Dresde, Staatliche Kunstsammlungen), où le paréo à fleurs remplace la stricte robe de mission de la femme de droite. Ces silhouettes contrastées sont influencées par les lignes synthétiques et les formes simplifiées de Manet que Gauguin admire tant. Mais surtout ces personnages, par leur graphisme puissant et leurs tons vifs, annoncent les effets colorés de Matisse.