Les Raboteurs de parquet

Gustave Caillebotte

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Mot clé de l'oeuvre: Raboteursparquet

Présentation générale sur les oeuvres

Les Raboteurs de parquet
Artiste Gustave Caillebotte
Date 1875
Type Huile sur toile
Dimensions (H × L) 102 × 145.5 cm
Localisation Musée d'Orsay, Paris (France)


Les Raboteurs de parquet est un tableau du peintre français Gustave Caillebotte réalisé en 1875. Cette peinture à l'huile sur toile est conservée au Musée d'Orsay, à Paris.


Une seconde version, d'une composition picturale très différente, est conservée au Danemark.


Refusé par le jury du Salon officiel, le tableau obtient un grand succès à l'exposition impressionniste de 1876 et permet à Caillebotte de rejoindre le groupe des Refusés.


À la mort du peintre, la toile est ajoutée par Jean Renoir et son frère Martial Caillebotte à une donation du peintre à l'État. Elle fait alors son entrée au musée du Louvre, puis à la Galerie nationale du Jeu de Paume avant de rejoindre le musée d'Orsay1.


Le sujet est inspiré à Caillebote par la réfection de son parquet rendue nécessaire par l'humidité de son domicile[réf. souhaitée]. Le sujet, jugé trivial par la critique de l'époque, fut comparé aux repasseuses et aux blanchisseuses de Degas. Arthur Baignières dira d'ailleurs : « Les Raboteurs de M. Caillebotte, pourtant hideux, ne valent pas Les Blanchisseuses de Degas ...»2. Plus tard, le critique Gustave Geffroy lui reconnaît « les qualités d'un observateur dans le modelé des torses et la vérité du mouvement... »3.


La composition très photographique de l'œuvre (lignes fuyantes, cadrage déséquilibré, éclairage à contre-jour, perspective inhabituelle malgré son exactitude, donnant l'impression que le parquet est incliné et que les bras des raboteurs sont rallongés) est l'une des principales raisons de son rapide succès[réf. souhaitée].


L'avis du menuisier-ébéniste : Le métier et l'ouvrage sont superbement décrits : L'ouvrier de droite est le seul à travailler au rabot. Et il passe en premier pour raboter les joints de lames de parquet qui ont toujours tendance à se relever aux jointures. Le marteau lui appartient, il s'en sert pour régler son rabot avec des petits coups sur le cul de l'outil pour dégager les fers vers l'arrière quand les copeaux se bloquent dans la lumière de l'outil ; ainsi que des petits coups à l'arrière du fer et du contre-fer pour les amener à la position idéale. Les deux autres ouvriers travaillent au racloir sorte de fer plat rectangulaire mais avec des droites légèrement arrondies ; la qualité du travail au racloir est liée à celle de son affutage. Et c'est délicat ! Pour cela les ouvriers se servent de l'affiloir. L'ouvrier de gauche est en train de s'en saisir de sa main droite et celui de l'ouvrier central est au premier plan devant lui. L'affiloir à section triangulaire, sert à rabattre les arètes du racloir pour y créer un morfil après le passage sur la pierre à affuter. C'est ce morfil qui attaque le bois. La position de travail de l'ouvrier central est parfaite : A l'inverse du raboteur qui pousse son outil vers l'avant, le racleur tire l'outil vers lui en lui donnant la bonne inclinaison d'attaque. Pour cela il tient fermement l'outil de ses deux mains et avec ses pouces placés à l'arrière donne une légère courbure au racloir. Le racleur passe après le raboteur pour racler la partie médiane des lames. C'est un travail très physique ce qui explique le dernier outil : la bouteille de gros rouge. Caillebotte est un des rares peintres qui ont pensé à prendre comme sujet le monde des métiers manuels. Lien : Racloir


Ce tableau constitue une des premières représentations du prolétariat urbain. Si les paysans (Des glaneuses de Millet) ou les ouvriers des campagnes (Casseurs de pierres de Courbet) ont souvent été montrés, les ouvriers de la ville ont très rarement fait l'objet de tableaux. Contrairement à Courbet ou Millet, Caillebotte, bourgeois aisé, n'introduit aucun discours social, moralisateur ou politique dans son oeuvre. L'étude documentaire (gestes, outils, accessoires) le place parmi les réalistes les plus chevronnés.


Caillebotte a suivi une formation académique auprès de Bonnat, et la perspective accentuée par l'effet de plongée et l'alignement des lames de parquet est conforme à la tradition. L'artiste a dessiné une à une toutes les parties de son tableau, avant de les reporter au carreau sur la toile. Le torse nu des raboteurs est celui de héros antiques. Mais loin de s'enfermer dans ces exercices académiques, Caillebotte en exploite la rigueur afin d'explorer l'univers contemporain de manière inédite.


Présenté au Salon de 1875, le tableau est refusé par le Jury, sans doute choqué par ce réalisme cru (certains critiques ont parlé de "sujet vulgaire"). Le jeune peintre décide alors de se joindre aux impressionnistes et présente son tableau à la seconde exposition du groupe en 1876 où Degas expose ses premières Repasseuses. Les critiques sont impressionnés par cette grande page moderne, Zola notamment qui condamne cependant cette "peinture bourgeoise à force d'exactitude".