L'Angélus

Jean-François Millet

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Mot clé de l'oeuvre: Angélus

Présentation générale sur les oeuvres

 L'Angélus
Artiste Jean-François Millet
Date 1857-1859
Commanditaire Thomas Gold Appleton (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Type Huile sur toile
Technique Peinture à l'huile
Dimensions (H × L) 55,5 × 66 cm
Mouvement RéalismeVoir et modifier les données sur Wikidata
Localisation Musée d'Orsay, Paris


L'Angélus est un tableau de Jean-François Millet, peint entre 1857 et 1859. En plein travail des champs, deux paysans ont posé leurs outils pour se mettre en prière avec simplicité tandis qu'on devine l'angélus sonner au clocher lointain (celui de l’église Saint-Paul des XIIe et XVe siècles de Chailly-en-Bière, près de Barbizon).


À la suite de La Récolte des pommes de terre et Des glaneuses, Millet s'attache dans ce tableau à représenter avec réalisme et délicatesse un aspect de la vie quotidienne des campagnes de son temps. Parallèlement au goût des foules paysannes pour les pratiques magiques et les grandes cérémonies ostentatoires, il existe parmi les paysans une piété profonde.


Ce tableau s'inspire de l'enfance paysanne de Millet: « L'Angélus est un tableau que j'ai fait en pensant comment, en travaillant autrefois dans les champs, ma grand-mère ne manquait pas, en entendant sonner la cloche, de nous faire arrêter notre besogne pour dire l'angélus pour ces pauvres morts ».


Le commanditaire initial du tableau, Thomas Gold Appleton, n'en prend pas possession. L'œuvre passe tour à tour en 1860 dans les collections Papeleu, Alfred Stevens et Van Praët à Bruxelles. Le tableau est échangé par Paul Tesse en 1864 contre La Grande Bergère, puis appartient à Emile Gavet à partir de 1865 avant de passer dans la collection Secrétan.


En 1889, la volonté de rachat du tableau par le Louvre devient en France une affaire d'État, opposant la droite royaliste, qui ne voulait pas de cette acquisition, au gouvernement, qui ne voulait pas que le tableau devienne la propriété des musées américains. L'État ne réunissant pas la somme nécessaire, le tableau est acheté chez le marchand Charles Sedelmeyer pour 553 000 francs par l'American Art Association le 1er juillet 1889, qui le revend l'année suivante à Alfred Chauchard pour 750 000 francs-or.


Ce dernier le lègue à sa mort en 1909 à l'État, qui l'attribue au musée du Louvre, puis au musée d'Orsay lors de sa création en 19861.


Des variations de ce tableau de Millet apparaissent dans plusieurs de ses propres peintures.


L'Angélus a été très largement reproduit sur des supports tels que des calendriers, des canevas, des meubles ou des cahiers d'écolier. Il est ainsi devenu une sorte de symbole de la peinture populaire2.


Cette œuvre a aussi été copiée ou réinterprétée par d'autres artistes des XIXe et XXe siècles.


Salvador Dalí en particulier était fasciné par ce travail, et lui a consacré en 1963 un livre entier, le Mythe tragique de l'Angelus de Millet3. Dali y écrit que les paysans figurant sur le tableau n'étaient pas simplement en prière suite à l'Angélus, mais qu'ils se recueillaient devant un petit cercueil. Sur son insistance, le Louvre fait radiographier le tableau, ce qui révèle, à la place du panier, un caisson noir, que le peintre surréaliste interprète comme le cercueil d'un enfant de 6 ans4.


Il lui a en outre inspiré ses tableaux L'Angélus architectonique de Millet et Réminiscence archéologique de l'Angélus de Millet.


En bande dessinée, L'Angélus donne son titre à un album de Frank Giroud au scénario et de José Homs au dessin. Le protagoniste principal est un terne représentant de commerce qui ressent une émotion si forte lorsqu'il découvre un jour le tableau de Millet que cette obsession l'amènera à faire de nombreuses découvertes et à remettre profondément en cause le sens même de son existence. Dans le manga Les Gouttes de Dieu, ce tableau est utilisé pour décrire un Château Mouton Rothschild 1982.


Un homme et une femme récitent l'angélus, prière qui rappelle la salutation de l'ange à Marie lors de l'Annonciation. Ils ont interrompu leur récolte de pommes de terre et tous les outils, la fourche, le panier, les sacs et la brouette, sont représentés. En 1865, Millet raconte : "L'Angélus est un tableau que j'ai fait en pensant comment, en travaillant autrefois dans les champs, ma grand-mère ne manquait pas, en entendant sonner la cloche, de nous faire arrêter notre besogne pour dire l'angélus pour ces pauvres morts". C'est donc un souvenir d'enfance qui est à l'origine du tableau et non la volonté d'exalter un quelconque sentiment religieux, Millet n'est d'ailleurs pas pratiquant. Dans une scène simple, il souhaite fixer les rythmes immuables des paysans. Ici, l'intérêt du peintre se porte sur le temps de la pause, du repos.


Isolé au premier plan, au milieu d'une plaine immense et déserte, le couple de paysans prend des allures monumentales, malgré les dimensions réduites de la toile. Leurs visages sont laissés dans l'ombre, tandis que la lumière souligne les gestes et les attitudes. La toile exprime ainsi un profond sentiment de recueillement et Millet dépasse l'anecdote pour tendre vers l'archétype.


C'est sans doute ce qui explique le destin extraordinaire de L'Angélus : objet d'un incroyable engouement patriotique lors de sa tentative d'achat par le Louvre en 1889, vénérée par Salvador Dali, lacérée par un déséquilibré en 1932 et devenue au cours du XXe siècle une icône mondialement célèbre.